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 L'Opéra Regarni - proche du Révolu

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Armand

Armand


Nombre de messages : 7
Date d'inscription : 07/04/2007

L'Opéra Regarni - proche du Révolu Empty
MessageSujet: L'Opéra Regarni - proche du Révolu   L'Opéra Regarni - proche du Révolu Icon_minitimeVen 27 Avr - 16:51

Les lumières vacillantes d'une chandelle à bout de bras semblaient soudain s'animer d'un nouveau feu alors que l'ombre qui les détenait avançait auprès de sa victime haletante, couchée sur le côté, recroquevillée, prête à pousser un cri mais muette de stupeur. Une ombre s'agenouillant, posant le cierge à ses côtés, semblant ouvrir les bras oniriques d'un sommeil sans fin, recueillant contre elle le corps tremblant.
Et sa voix s'éleva, douce et sombre, funeste ôde funèbre, tandis que les yeux levés au ciel, une main tâtant ses méfaits, l'ombre plaintive niait tous ses regrets.

Votre coeur arraché à ses battements n'appartient plus qu'à moi...

La cape de l'homme frémissait alors que sa victime la tiraillait. Les larmes commencèrent doucement à couler au milieu d'un flots de petits gémissements. Des larmes communes... l'ombre pleurait.

Seuls subsistent encore, les seuls délices de nos ébats...

La main de l'agresseur se resserra alors... Tristesse...

Alors que toute vie prend fuite hors de ce corps brisé,
Je recueille ce souffle dernier, égoïste, rendu pour un donné,
Mais si vite refusé... l'erreur vous fût fatale...


Le tueur se baissa, les bras resserrés autour de sa proie blême et muette, choquée. Plus rien ne pourrait la sauver à présent... Les lèvres de l'ombre frôlèrent celles de sa victime, et tout deux, les yeux écarquillés, échangèrent un bref regard emprunt d'une tristesse mais d'une source attristante bien différente... Un murmure sombre et souriant vint alors briser cette inertie et changeant du tout au tout, l'ombre se ressaisit.

J'aurai ce dernier cri... goûtez à l'infernal...

Et la cape d'Armand se dressa soudain, cachant ce dernier baiser de mort, et la chandelle s'éteignit d'un souffle. Tout n'était qu'obscurité...

...

Et c'est alors que retentirent les premiers applaudissements. D'abord discrets, puis prenant de l'ampleur. Des lustres furent descendus, éclairant la dernière scène du dernier acte de l'opéra qui se jouait. Armand se redressa, tenant par la main sa victime, finalement consentante, l'aidant à se relever, et d'autres vinrent les rejoindre. Tous saluèrent dignement avant de recommencer.
Le sourire aux lèvres, les cheveux détachés, Armand le ténor, acteur premier des "Lugubres Tentations" se rendit ensuite à sa loge pour se changer. En chemin, les félicitations allaient bon train. Quelques recommandations sur des intonations moins réussies, mais l'ensemble, proche de la perfection, avait, semblait-il, charmé le public et la troupe. D'un dernier baisemain à sa partenaire, il la quitta et rentra en ses quartiers, écartant un lourd rideau pourpre bordé de fils d'or et pénétrant en sa loge sans autre forme de procès.

Retirant le maquillage blafard de son visage, ôtant les cernes noir entourant ses yeux bleus, il contempla un instant son reflet. L'homme qui lui faisait face avait perdu son sourire, ôté ce masque qu'il portait sans cesse en société. Ce masque qui l'instituait Armand Gabriel, acteur et auteur maudit d'opéras à succès tels que "L'Engeance du Démon" ou "L'Ivresse des Maléfices", connu de la haute société sans pour autant être harcelé, riche sans excès et, disait-on, très généreux mais réservé. Sans cela, il n'était qu'Armand.
Cet Armand même qui avait lu les journaux ce matin, découvrant un crime des plus odieux d'un sourire satisfait, puis pleurant toutes les larmes de son corps après coup, sans aucune autre raison qu'une folie permanente et éternelle.

L'acteur saisit sa grande cape veloutée et grîsatre, lissa une dernière fois ses longs cheveux ondulés, et sortit hors de l'opéra Regarni, évitant la foule bavarde et extatique, privilégiant la porte de derrière.
De nouveau seul avec lui-même, Armand examina la façade de l'opéra, apercevant encore une affiche collée de travers des "Lugubres Tentations". Son sourire revint alors, et presque rageusement il arracha l'annonce de sa propre pièce et la laissa là, à terre, tandis qu'il s'enfonçait dans les sombres ruelles de Sipra...

Toute la nuit était à lui... et ses errants aussi...
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