Dans les rues inondées par le bruit, la tête voyage le long du macadam. La pluie m’a réveillée et puis à l’angle de la rue Daguerre, sa lumière froide et blanche et ses figurants - des sons lointains, comme une symphonie schizophrénique de la vingtième heure, sons en stéréophonies des haut-parleurs pressurisés qui diffusent “Aimons nous vivant”.
Briser la vitre et se laisser pénétrer. Et surtout ne dis rien.
Quelques couleurs ici bas, rouge, jaune, bleu, vert, promotions, la tête voyage, la vie qui va, dans laquelle se mêlent inextricablement, la drôlerie, le désenchantement, l’obstination, l’absurde. Une société en quête de chaussures ? de bonheur ? Envie de fumer surtout.
Un couple avance.
Il recule, elle recule, il s’égare, elle se disloque.
Il se réforme, elle s’étire, il gronde, elle rit, il s’impatiente, elle s’inquiète, il attend.
Des souvenirs... Des vies d’avant viennent de loin. Les chevaliers aux paupières closes luttent contre le sommeil. Les gargouilles aux rires écervelés, pas besoin d’aller loin dans ma mémoire - là bas des barbares accrochés à mes restes, là bas des espèces diurnes volages ne touchent pas le sol et ignorent encore le poids du corps.
Au bout il y a la queue sans but sans substance. Pourquoi est-ce si lent ? L’on parle, l’on espère, l’on drague, l’on critique, l’on boit, l’on se résigne.
Ce matin je me suis levé et j’ai regardé le mur... Seul à mon réveil, j’attends Dieu, la dignité offensée, les chants éthérés de la chorale par dessus les vapeurs d’alcool au ras du pavé.