Sipra
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

 

 55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev

Aller en bas 
AuteurMessage
Edouard Gusev

Edouard Gusev


Nombre de messages : 4
Date d'inscription : 14/04/2007

55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Empty
MessageSujet: 55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev   55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Icon_minitimeSam 14 Avr - 6:19

Neuf heure ce soir, c’est ce qu’indique ma montre lorsque je foule mon palier. J’intègre ma demeure ni plus tôt, ni plus tard qu’à l’accoutumée. J’investi la pièce, le parquet grince sous mes souliers. Je jette un œil furtif sur mon ardoise, rien n’y est indiqué. Cette soirée, comme beaucoup ces temps-ci entrera dans ce que j’appelle l’aire de la similitude. Seul chez moi, à respirer, boire et fumer, libre de mon espace, de mon oxygène et de ma pensée.

Ouvre son placard, prend son verre fétiche, y verse du cognac jusqu’à la moitié. Bourre sa pipe, la tasse, l’allume et commence à consumer.

Je suis Edouard Gusev, homme politique de jour, honnête avec moi-même de nuit. Sociable, souriant et compatissant à la lumière, au grand public. Réaliste et renfermé dès que daigne apparaître l’obscurité, mon monde préféré. Dans cette sphère privée, je peux à loisir m’exprimer. Dans cet univers où il ne réside aucun dieu, je forge mon opinion sur l’humanité. Ces pantins qui s’entre-créent, formant perpétuelle dépendance d’autrui, dictés par des sentiments universels au détriment desquels leur rareté, si infime soit-elle, disparaît pour rentrer dans nos rangées, pré-dessinées, pré-moulées.
Nous sommes tous des pauvres danseurs refoulés. Oubliant le rythme de nos pas, préférant nous intégrer à La danse, celle des autres. De nos pensées, dogmes et sentiments, il n’existe aucune liberté, ni personnalité. Et ma pauvre voix, tous les jours, bien qu’illustre, doit s’harmoniser pour ne pas enrayer la symphonie de ce putain d’orchestre organisé.
Me voilà fin, privé de ma liberté par la faute de toutes ces taupes faisant leur place, creusant leur terrier. Je vis une perpétuelle rime forcée, que je fredonne volontairement, par pure nécessité. Oui car je suis un homme politique. Mon bras est assez long pour éviter la colère du "suprême", mais pas suffisamment pour m’imposer. Je vis dans un étau dans lequel ne peuvent s’exprimer mes plus profondes pensées.

Se saisit de son verre et s’offre une délicate gorgée.

Je me promène régulièrement dans les musées Siprasiens le soir venu. Cela m’offre une dose de détente mais cela m’apporte surtout la confirmation du fin fond de mes idées. Supercherie ou naïveté, l’art m’émoustille et me fait foisonner. Il en naît une passion qui ne provient pas du goût de l’homme mais une forme d’obligation, qui nous pousse à mutuellement admirer. Alors que personnellement, je n’admire point, je ne suis ni enivré ni passionné, mais au moins, cela me permet de sourire et de valider mes pensées.
On a beau tous tenter de se réconforter, il n’existe aucune authenticité. A Sipra comme ailleurs, on ne vit que dans les artifices et mensonges qui animent les groupes ou sous-groupes que l’on a adhérés.
C’est bien car j’ai pris très tôt conscience de ce phénomène que dans mes jeunes années de militant, j’ai eu l’esprit de refuser, le rouge qui m’était sur-indiqué.

Se frotte les lèvres et rince de nouveau son gosier.

Mais à la réflexion, cette couleur de sang n’était peut être pas aussi mauvaise que celle promulguée par les pouvoirs qui nous sont aujourd’hui imposés. Crapules de grandes espèces, espèce de grande crapule, nous ne sommes que les jouets apeurés d’un illustre enfoiré. De mensonges en balivernes, il tente de nous faire oublier, que son titre de Lord, il n’a fait que l’acheter. Nous, braves moutons sommes victimes de la peur que confère ce loup enragé. Pourtant, " La peur est insensée, elle craint même les choses dont elle attend le secours ". Et c’est bien de par ce contexte qu’aujourd’hui j’estime, que Sipra est une victime. La peur nous pousse aux limites de la crédulité. Et ce Stanton le sait. Mi effrayant, mi compatissant, son discours agrssivo-démago fait d’illusions siliconées, entraîne notre arrière-train terrifié à s’offrir, bien dilaté, à ses sévices personnels et exagérés.

Regarde son verre hésitant…

Tire sur sa pipe, et ne résiste pas à une nouvelle gorgée…

Je ne suis pas non-plus du côté de tous ces drôles. Ceux qui s’attribuent le titre d’insoumis ou encore d’anarchistes. Ceux-là qui se prétendent réincarnation de la rébellion alors qu’ils ne font que suivre un groupe aveuglément. Plus endoctrinés que le simplet, ils ne font que beugler des slogans pré-dessinés et rédigés par une fausse sainteté. De plus, à se regrouper et hurler dans nos rues, ils viennent parfois troubler ma douce sérénité. Pire que des moutons, ceux-là sont en-bouffonés. Et j’y retrouve souvent quelques anciens collègues que je n’ai pas suivi, et pour sûr ils sont rougis, mais davantage par une vinasse mal choisie.

Louche encore sur son verre. Il ne reste visiblement qu’une mini-tournée. Il abdique, mais cela sera la dernière de la soirée… Sa pipe aussi, étant quasi-consumée.

Il y a des interrogations comme-ça qu’on se ressasse continuellement. On le sait pertinemment, que seul, on ne trouvera jamais de réponse, mais c’est plus fort que nous, on se pose et re-pose encore et encore la question. Moi ce qui m’intéresse, c’est de comprendre l’homme, vous l’aurez compris. J’ai même essayé une fois d’explorer ces faits de groupes en me mariant. J’ai tenté de créer une synergie, de doper notre force créatrice pour aboutir à quelque chose de supérieur à ma merveilleuse force individuelle. Prendre ma forme, la mixer à une autre pour en voir les effets fut un échec affligeant. Elle est partie un matin et je ne l’ai plus jamais revue, ni même reçu une nouvelle. Quelque part, je me dis que telle l’exception, elle a réussi à se sortir de l’univers qui l’entourait et qui lui déplaisait, et c’est sans doute mieux ainsi. Son courage me pousse à croire que nous ne sommes pas morts. Nous ne sommes pas voués à un avenir déjà décidé et stupidement harmonisé. Et je mène ce combat seul, dans l’obscurité. Je prends beaucoup de plaisir dans mon aire de similitude. Je peux y déguster mon cognac, y fumer ma pipe, et penser. Et ce bien-être, personne ne pourra jamais me le retirer…

Ma montre annonce dix heures déjà, et je me dois d'être frais demain pour exceller dans mon domaine de prédilection du sept heure - sept heure, l’hypocrisie…Faites moi confiance, tel le tartuffe, je vais tous vous les embrumer…

Verre vide, pipe consumée, Edouard Gusev part se coucher…
Revenir en haut Aller en bas
Edouard Gusev

Edouard Gusev


Nombre de messages : 4
Date d'inscription : 14/04/2007

55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Empty
MessageSujet: Re: 55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev   55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Icon_minitimeMer 4 Juil - 14:07

Edouard Gusev recevait l'Aube chaque matin. Ce canard lui plaisait car il semblait demeurer le plus objectif, autant qu'on puisse encore parler d'objectivité en Sipra. Mais si semblant de contre-pouvoir il y avait, c'est les lignes de l'Aube qui le rédigeait. C'est d'ailleurs le plus souvent entre les lignes que se dessinaient certaines opinions tant pertinentes que dangereuses.
Ce matin là, Gusev buvait son café tout en tassant la première pipe de sa journée. Et quelle fut sa surprise à la lecture de son quotidien préféré...


Citation :
Quelle tristesse ! Un ingénieur de plus... ou plutôt devrait-on dire de moins.

Quelle
tristesse en effet que Lord Stanton -louée soit sa grandeur
grandissante, puisse-t-il un jour se cogner au plafond-, notre vénéré
dirigeant, n'ait pas encore eu l'idée lumineuse de fournir un harnais
de sécurité à ses ingénieurs, au vu du nombre de chutes dont ils sont
victimes. Notre cité a-t-elle un surplus d'ingénieurs compétents tel
qu'il faille les éliminer d'une manière ou d'une autre ? Il est vrai
que le nombre de loquedus à peine fichus de manier le marteau-pompe est
critique, comparé aux ingénieurs ingénieux.

Oui, il est de
notoriété publique que la formation en ingénierie est à Sipra la
meilleure au monde ; nos fabuleuses machines, nos bâtiments défiant les
lois de la physique en sont la preuve. Tout de même ! Le huitième
ingénieur-chef en moins de six mois... À ce rythme, la prochaine
promotion de l'ensemble des Grandes Écoles Stanton ne suffira pas à
boucher les trous.

Il n'empêche, quelle bien malheureuse
coïncidence : dès lors qu'un technicien alcoolisé annonce à votre
dévouée que les Ateliers vont enfin sortir ce nouvel engin dont se
gorgent les rumeurs, l'ingénieur chef en place meurt dans de bien
sombres conditions. Qui sur un chantier, qui d'une chute dans
l'escalier, qui de son lit superposé à l'Atelier, qui d'une fenêtre
ouverte par un malheureux coup de vent... toujours une chute.

Avec
un brin de mauvaise foi (de canard, s'entend), l'on pousserait le
bouchon jusqu'à dire que l'on souhaite les voir partir lorsqu'ils ont
déplu au Prince. Mais le bouchon de la vérité ne sautera pas, pas
encore, l'on ne le poussera pas trop loin, car le vin de Sipra n'est
pas encore matûre. Attention cependant à ne pas trop le garder... sous
la pression, l'on risquerait de le voir devenir mousseux...

Quel inconscient osait ainsi déblatérer? Plus fou encore celui qui osait publier. Il existe des lectures jouissives, elles sont rares mais arrivent parfois. Ce matin les neurones de Gusev étaient en ébulition. Sourire aux lèvres, il se demandait quelle serait la réaction du suprême et de ses sbires.

Mais à quoi bon au final? Il se persuada finalement que Stanton parviendrait par on ne sait quel moyen à se sortir davantage grandit de cet article.
Sipra manque tant d'esprit. L'infime partie des péquenauds qui liront cette excellente presse ne daignera la comprendre. C'est triste mais c'est ainsi. Une personne sur dix pense, une autre personne sur dix pense qu'elle pense, et les autres préfereraient mourrir que de penser. Ceci ne retire évidemment rien au courage de l'homme qui a diffusé.

Nous verrons bien la tournure des événements. Dans tous les cas, cette journée débute divinement.
Revenir en haut Aller en bas
Edouard Gusev

Edouard Gusev


Nombre de messages : 4
Date d'inscription : 14/04/2007

55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Empty
MessageSujet: Re: 55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev   55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Icon_minitimeJeu 29 Nov - 8:38

Il est un peu plus tard que d'habitude ce soir, lorsque j'intègre mon logis. Le Mollard Rouge m'a fournit en douceurs, ma pipe pourra me jouer en cette soirée une certaine symphonie de goûts et de couleurs. Cette soirée aurait pu être parfaite si cette satanée Vapocalèche n'avait pas fait des siennes, encore. Pour la quatrième fois en un seul mois, cette poubelle me contraint à improviser une marche.
Cependant, aux contours des ruelles, la vue du gris des bâtiments n'a fait qu'éveiller ma pensée...


Sipra... Où es-tu Sipra?

*Allume sa pipe, emplie des herbes récemment récupérées*


Il fut un temps où le charme de Sipra tenait en partie à son architecture, un urbanisme au caractère spécial composé pour la majorité de quartiers populaires où il faisait bon vivre. Des petits hôtels accueillaient les artistes et les étudiants. Tous se mêlaient, tous pouvaient s'exprimer.

Dans ce Sipra là, l'harmonie verticale régnait en maître. Les riches logeaient en bas, les pauvres en haut, dans le même bâtiment. Les gens provenant de toutes classes étaient obligés de se côtoyer dans les rues, dans les bistros du coin ou encore juste au bas de leur immeuble. Des "bonjours" et des reconnaissances en naissaient, imposant une certaine convivialité, un réel esprit de communauté... Je suis des ces rêveurs qui songent encore à la merveilleuse tolérance que Sipra n'a que trop peu frôlé...


*Tire sur sa pipe, ferme les yeux... exulte...*


Depuis l'arrivée de ce Stanton, les données ont changé. L'harmonie verticale a mué peu à peu jusqu'à la vulgarité horizontale. Le concept est simple et voulu du suprême... Créer des quartiers élitistes bien embourgeoisés, composés des uniques Siprasiens influents, dotés d'une pensée commune, la sienne. Renforçant son pouvoir tant odieux que terrifiant. Le reste de Sipra a été parqué ici et là. Composé de ghettos en mal d'influence malgré l'émergence de talents et d'idées. Et le pire... C'est que ces "ruches à pauvres" ne daignent s'entendre! Et pendant que les petites gens s'entre-tuent dans ces lieux décriés où ni l'Aube, ni la milice ne se déplace, les riches prolifèrent à grands coups d'ucés!

*Fume encore... Se noie dans sa pensée...*


Voilà mon constat... Sipra autrefois ville émerveillée n'est plus aujourd'hui que tristesse, bercée par l'artificiel de nos hautes classes pensant comme elles doivent penser. Son âme a disparue, elle a été vendue... à Satan-ton! Et tant que le "petit" peuple persévèrera dans son auto-destruction, le phénomène perdurera... Oui, je suis un utopiste. Oui j'espère... Que les petites gens, l'âme de Sipra, puissent enfin trouver l'unité. C'est notre seule solution... Pour que Sipra regôute à la lumière, retrouve ses couleurs, pour...

*S'endort sur sa chaise... Sa pipe finira de se consumer, seule...*
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Empty
MessageSujet: Re: 55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev   55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
55, Avenue du Graumbota - Au logis de Gusev
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Logis d'un certain bourgeois, 113 Rue Madame-la-Prime
» Logis de Vittorio Gasmane, 115 rue Madame-La-Prime
» Cabane de gardien de Peur Lacheuse - Logis de G. Thanatès

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sipra :: Les Bas-Quartiers :: Cimetière de Peur Lacheuse-
Sauter vers: